jeudi 29 avril 2010

La mort du roi

La fin de l’automne est là. Je me trouve au palais royal de Castrian, la capitale du royaume de Thurin. Je suis avec Clothilde, dans les appartements d’Almarikus, notre sire à toutes deux. Ce soir, plus encore que les précédents, notre sire est las. Il va bientôt entrer en torpeur et n’attend désormais plus que le retour du roi pour cela. Sa torpeur devrait durer un siècle, enfin il s’est arrangé pour ça. Car depuis quelques temps il fait revenir la Bête en lui, dans le but de profiter d’une longue torpeur qui régénérera son esprit et son corps.

Alors que nous sommes assis tous les trois, sans un mot à échanger, une violente douleur nous assaille et une terrible certitude se fait sentir aussitôt : le roi est mort. Notre lien avec l’humanité est désormais rompu.

Agdaline, la reine, a deux enfants, Elvoïn, un garçon de neuf ans et Bathilde, une jeunette de presque six ans. Le roi avait aussi une concubine, Bilithilde, qui a de lui un très jeune enfant du nom de Berchar. Aucun descendant du roi n’est donc en âge de régner. C’est donc la reine qui assumera ce rôle avant qu’un fils du roi puisse prendre la direction du royaume.

Alors que la Bête commence déjà à nous ronger, notre sire veut que nous donnions tous les trois nos vrais noms à la Reine, ainsi nous retrouverons cette part d’humanité qui nous empêche de sombrer dans la folie primale de notre bestialité. Nous nous précipitons donc vers la chambre de la reine pour lui annoncer la nouvelle. Un à un nous murmurons nos véritables noms à la future régente du royaume de Thurin. Aussitôt mon nom donné, je sens l’humanité m’envahir de nouveau.

Je promets à la reine que les responsables de la mort de son mari périront dans un bain de sang, car vu la brutalité de la mort de celui-ci, il est peu probable qu’il s’agisse d’un accident. Mais la reine souhaite que les responsables soient ramenés au palais et qu’ils subissent sa « royale vengeance ».

Peu de temps après, Clothilde et moi filons vers le campement du roi, vers l’ouest. Grâce à notre célérité nous n’avons pas besoin de montures. Je prends juste un gros loup noir avec moi. Une solide bête qui a goûté mon sang pour la rendre plus puissante. Notre petit voyage devrait nous prendre deux nuits, en comptant celle-ci qui est largement entamée déjà.

Piste sans indice

Nous approchons d’un village alors que le jour va arriver dans une petite heure seulement. Clothilde repère une baraque isolée. Elle lance ses pouvoirs de détection. Elle dit que deux vieilles personnes se trouvent dans la maison. Elle va user de ses pouvoirs pour s’y planquer. Moi je n’aurai aucune difficulté à me trouver un abri pour le jour. Je prends juste quelques herbes dans la baraque des vieux avant d’aller dormir en forêt.

Le soir venu je vais retrouver Clothilde. Elle a soif de sang. A cause de sa sensiblerie – ou de ses « principes » comme elle dit – elle n’a pas voulu se servir sur les vieux. Elle passe donc un bon moment à chercher un sale type, qui, d’après les rumeurs locales, bat sa femme. Elle use de ses pouvoirs de domination pour le faire sortir de sa maison et boit un peu de sang sur lui…

Vers 2h du matin nous approchons d’un camp militaire, sûrement celui du roi. Enfin les militaires se sont déplacés depuis sa mort. Je tombe donc sur une sentinelle pour qu’elle envoie un officier à notre rencontre. L’officier va nous conduire auprès du corps de son feu souverain. D’après lui le roi a été assassiné dans sa tente. Sur le corps une seule blessure visible : une profonde entaille à la gorge, propre et droite.

Nous ne trouverons rien sur le corps. Clothilde et moi remontons donc jusqu’au précédent emplacement du campement du roi. Nous retrouvons sans mal l’endroit, ainsi que la localisation précise de la tente du roi. L’odeur de sang y est très forte et une marque marronâtre tâche la terre. Le camps été installé non loin de ruines de l’ancien peuple, mais sur place nous ne dénichons aucun indice sur les assassins. Même mon loup ne peut suivre la piste du sang bien longtemps.

Clothilde pense que nous aurons des informations supplémentaires quand les comtes viendront aux cérémonies funéraires de leur souverain. Il y a 5 comtes aux ordres du roi. L’un d’eux, qui possède trois vampires, est particulièrement fâché contre le roi car il subit toutes les attaques cimériennes.

Nous rentrons au précédent campement, là où se trouvent encore tous les soldats du roi. On fait organiser notre transport pendant la journée et le lendemain soir nous arrivons au palais royal.

samedi 24 avril 2010

Dernières visites


13 Décimus 1667


Ce matin Kirsten nous raconte son entrevue avec Sela Cole. Il semble que cette dernière n’est pas opposée à l’idée d’unification, mais on ne peut pas dire que le conflit vendel/vesten soit dans ses préoccupations premières.

Il nous reste donc quatre membres du Haut Conseil à voir. Kirsten et Irvin décident d’aller rencontrer Allen Trel, pour tester son éventuelle malfaisance. Ils iront aussi voir Brak. Je devrai donc me charger du vieux bonhomme, maître Red, et de Balesteros. Avant de partir de l’auberge je demande à Elvin d’aller voir pour toutes les commandes qu’il a passées pour moi.

Je vais donc voir Balestros dans la matinée. Celui-ci me reçoit assez vite, sans grande passion, sans froideur non plus. Il ne comprend pas bien le rôle de la Haute-Reine en fait. Je commence donc à lui expliquer un peu, mais je ne sais pas dire si je me suis montrée convaincante. Il faut dire que Balesteros semble très vénal et pratique, il ne comprend pas le côté symbolique de mon rôle, bien que celui-ci soit aussi important que le reste… enfin je crois.

Je continue donc la conversation, sous l’air assez dubitatif de Balesteros. Il me parle un peu de nombreuses mines inexploitées qui se trouveraient dans les terres vesten. Pratique, vénal… ça le définit bien finalement.

Je l’interroge donc sur la manière qu’il a de répondre aux votes du Haut Conseil quand les sujets ne sont pas directement liés à ses activités. Il me dit suivre assez souvent l’avis général, et plus particulièrement celui de Val’Mokk, même si il me précise chercher à comprendre les enjeux pour ne pas se comporter en simple mouton. Il semble ravi quand je lui annonce que je n’ai nullement besoin de gens qui me suivent aveuglément et que j’aime aussi prendre conseil auprès de gens qui maîtrisent certains sujets mieux que moi. Je le quitte peu de temps après.

Un informateur de choix


13 Décimus 1667


En fin de matinée je file voir maître Red, sans Ilsa qui est partie faire quelques courses. A l’heure où j’arrive la guilde des usuriers est particulièrement affairée. Un conseiller de maître Red vient pour me conduire auprès du maître de la guilde. J’arrive dans une belle antichambre dans laquelle plusieurs personnes sont en train de travailler. Le bureau de maître Red est encombré de nombreux papiers et livres.

Maître Red s’avance vers moi. Il me fait un baisemain et place quelques flatteries sur ma beauté. Puis, sur ma demande, il m’invite dans un petit salon privé. Un endroit bien luxueux et aux fauteuils confortables. Il fait commander quelques macarons et du vin. Un choix particulièrement bien vu. J’adore les macarons.

Notre conversation commence par moult flatteries. Puis il aborde très vite les sujets importants, sans que j’ai à le presser de question d’ailleurs. Je dirige notre dialogue sur un sujet précis et il me dit ce qu’il en pense, formulant clairement ses idées et allant au bout de ce qu’il veut me dire. Ce type est un intriguant plutôt redoutable.

Malgré sa vieillesse, cet homme déborde d’énergie. Il se montre toujours charmant, sans jamais virer dans le vulgaire ou le lourd. Son visage sourit tout le temps, mais ses yeux restent toujours calmes et traduisent peu ses émotions réelles.

Il parle avec moi de la guerre entre les vendel et les vesten. Une guerre qu’il juge inutile, pour une raison majeure : l’argent qu’elle coûte. Il est certain que des sommes folles sont engagées, notamment pour financer les commandos vendel, et que tout cette argent pourrait bien mieux servir. D’ailleurs, au sujet des commandos, il sait qu’un budget est alloué à cette faction par des moyens plus ou moins détournés. Il pense que des rackets sont organisés auprès du conseil ordinaire pour payer les commandos.

Après notre petite entrevue, il décide de m’inviter dans un des meilleurs restaurants de la ville. Une agréable invitation que je me vois mal refuser. Tout au long du repas maître Red me parle de potins divers sur le conseil ordinaire. Mais ce que je prenais au début pour de banales informations, se révèle être une véritable mine d’or sur les rapports de force qui animent cette assemblée. Il me fait en fait une sorte de cours sur la politique au sein du conseil ordinaire. C’est une vraie mine d’or. Je commence à cerner quels sont mes éventuels alliés et ennemis.

Je quitte la compagnie de maître Red en début d’après-midi, après une longue discussion sur le conseil ordinaire et les enjeux qui s’y jouent.

Les âmes noires


13 Décimus 1667


Me retrouve Kirsten et Irvin en milieu d’après-midi pour qu’ils m’informent de leurs entrevues avec Brak et Allen Trel.

Selon Kirsten, l’âme de Brak est aussi noire que lors de la première rencontre au bal d’hiver. Mais cet homme semble ouvert au dialogue entre vendel et vesten, bien qu’il considère les vesten comme responsables des diverses attaques effectuées contre les vendel. Brak pourrait ne pas apprécier que je fasse une annonce comme quoi les torts sont partagés entre les deux peuples. Cela pourrait le mettre dans une colère noire.

Je ne sais pas si j’ai intérêt de provoquer Brak à ma première venue au Haut Conseil. Beaucoup de personnes m’ont informé des éventuelles colères monstrueuses du maître de la guilde des charpentiers. Cela sera éventuellement une arme pour le déstabiliser et l’obliger à se dévoiler, si il se révèle être un de mes adversaires.

Quant à Trell, les choses sont plus étranges. Il a avoué à Kirsten et Irvin qu’il me considérait comme le symbole d’une réconciliation entre vendel et vesten. Kirsten pense que cela est vrai. Elle a décelé une âme tourbillonnante en lui, comme un type profondément bon qui se serait laissé bouffer par l’obscurité. Il se peut donc que je sois un espoir personnel pour lui. Mais selon mes prises de décision et mes propos, il peut repartir vers la Lumière ou sombrer dans les Ténèbres.

Trell a proposé que je rencontre le conseil de guerre de manière officieuse. Cela permettra de jauger les personnes qui en font partie et de déceler les éventuels partisans des commandos vendel. Bien que cela ne sera pas si facile que ça en à l’air.

Trell a aussi reformulé sa proposition de se mettre à mon service pour me conduire sur les terres des vesten.

Tout d’un coup, alors que la conversation entre Kirsten, Irvin et moi n’est pas tout à fait terminée, un de mes gardes du corps vient frapper à la porte. Il m’annonce qu’il y a eu un problème avec Ilsa. Elle aurait tué des gens et serait acculée dans un entrepôt par la garde de la ville. Je file, terriblement inquiète. Kirsten et Irvin me suivent de très près.

La folie d'Ilsa


13 Décimus 1667


La garde municipale est stationnée devant un grand bâtiment. Les gardes ont acculé une jeune femme qui s’est enfermée à l’intérieur d’un entrepôt. Ils auraient dû l’arrêter en y mettant la force, mais ils ont reconnu une de mes gardes du corps : Ilsa. L’inquiétude me ronge. Un des gardes continue de me parler, mais je n’entends plus vraiment les mots qui sortent de sa bouche. Je comprends juste qu’Ilsa aurait tué cinq personnes… Ce n’est pas elle… ce n’est pas possible. Je rentre de manière imprudente dans l’entrepôt. Je crains qu’il ne soit pas difficile de comprendre que la personne qui s’est réfugiée ici est plus qu’une simple garde du corps. Mais peu importe.

A peine rentrée, étroitement défendu par Irvin et Kirsten, une masse nous tombe dessus l’épée au clair. Irvin lui balance une caisse dessus et Kirsten enchaîne avec un coup de poing pour l’assommer. Ilsa tombe à terre. Je n’ai pas réagi. Mes compagnons sont allés trop vite… et je suis restée figée, comme une imbécile.

Je me précipite sur Ilsa. Heureusement elle est juste assommée. Elle a les lèvres blanches d’écume et ses vêtements sont tâchés de sang. Derrière moi le prévôt m’annonce qu’Ilsa est en état d’arrestation, mais qu’il va bien sûr la faire conduire à l’hôpital d’abord. Je vais réagir, mais Kirsten me glisse qu’on ne peut que laisser les forces de la loi agir. Elle a raison. Mais mon désarroi ne me lâche pas.

Les gardes vont installer Ilsa sur un brancard pour la conduire à l’hôpital. Je suis la petite troupe, tandis que Kirsten et Irvin partent à la chasse aux informations, pour tenter d’élucider le mystère de la folie qui a mis Ilsa dans cet état. Grégor et Sven me suivent. Une grande colère et une profonde tristesse commencent à m’envahir. Mais la rencontre avec le Haut Conseil arrive bientôt. Il ne faut pas que je me laisse démonter, car c’est sûrement ce que les gars qui ont commis cet acte odieux voulaient.

Quelques minutes plus tard je suis dans une des chambres de l’hospice. Ilsa se réveille soudainement alors que le médecin l’avait détachée pour l’examiner. Elle se jette à son cou et commence à l’étrangler. Je me précipite pour la maîtriser. Je tourne le dos pour prendre le coup de matraque qu’un garde arme pour frapper Ilsa. Sven et Grégor m’aide à replacer Ilsa sur le lit et une infirmière commence à l’attacher avec des bracelets de cuir. Ilsa m’insulte, me lance des regards plein de haine. Je sais bien que ce n’est pas elle, mais ça me fait mal...

L’infirmière fait boire une décoction à Ilsa pour la calmer tandis que le médecin prend cinq minutes pour aller se faire soigner la gorge. Quelques instants après il l’a fait déshabiller pour un examen médical. Elle n’a aucune marque visible sur elle à part les quelques bleus engendrés par nos efforts pour la contrôler.

Je caresse le front d’Ilsa. Par quelques murmures à son oreille je la prie de revenir à elle et à la raison. Une violente tristesse m’envahie, mais je refoule mes larmes. Je dois éviter de montrer à quel point je suis touchée. On doit continuer à croire qu’Ilsa n’est qu’une fidèle garde du corps de la Haute Reine, sinon je la mets en danger, plus qu’elle ne l’est déjà.

L’amie de Lorraine avait raison quand elle disait que « mes beaux yeux, mon joli cul, et ma flamme » seraient des armes redoutables. Pour le moment mes adversaires vont juste goûter à la flamme ardente de ma passion et ils liront dans mes yeux la colère qui n'anime. Et pas du côté qui nourrit mon amour pour Ilsa et mes amis. Je veux que les sales types, responsables de ce qui arrive à Ilsa, sachent qu’ils ont commis une terrible erreur.

vendredi 23 avril 2010

Chasseurs de Monstres, épisode 1

Ouais. On est des chasseurs de monstres. Une fine équipe même.
On a Will le paladin. Il prie Kord, qu'est pas un tendre. C'est le gentil de la bande pourtant, le Will. Jamais un mot plus haut que l'autre. Jamais un geste déplacé envers les femmes. Mais un salopard au combat, qui laisse pas une chance à nos adversaires.
Et puis, il y a June. C'est une férale avec ce qu'il faut où il faut - pour une nana couverte de fourrure s'entend. Elle a, comme qui dirait, un certain feeling avec les esprits. C'est une chamane. Pas une tendre non plus, surtout quand elle est pas foutue de trouver du lait - pas qu'elle aime pas la bière, mais le lait c'est meilleur avec les croquettes, qu'elle dit toujours.
Et puis, il y a moi - Shouf Shouf Jambalaya. Je suis un goblours. Avant, je brisais des rotules pour Vito Alfredi, le chef de la guilde des voleurs de Vaganza. Mais bon, les bonnes associations prenant toujours fin un jour ou l'autre, il s'est fait dessoudé par Joh Belles-mains qui a repris les affaires. Et moi, j'ai pris la route. Faut dire que Joh, il aime pas trop les mecs dans mon genre - je veux dire, grand, poilu, avec des cousins gobelins au troisième degré. Bah...

Et donc, on chasse les monstres pour les gens qui ont besoin.
Comme cet espèce de Minotaure qui foutait le bordel dans une auberge et en vidait consciencieusement la cave. Les propriétaires pouvaient pas s'en débarrasser, non plus que la pauvre milice locale. Ils nous ont filé de la bouffe et du matos pour qu'on lui apprenne à vivre... Résultat, il est mort. Il l'a cherché aussi.

Et après, on a reçu une lettre du bourgmestre de Daltz. Apparemment, ils ont des soucis avec des voleurs et des kidnappeurs que personne ne parvient à trouver. Il a attendu parler de nous et nous a engagé.
On a tracé la route fissa jusque là. Le bourgmestre s'attendait pas à ce qu'on pointe le bout du nez chez lui, mais les infos de la lettre étaient un peu faiblardes. Apparemment, il pourrait peut-être - ou pas - s'agir de deux histoires différentes. Depuis un mois, la ville a connu une vague de disparitions qui fout tout le monde sur les dents, la garde comme la milice. Des gamins et des jeunes types surtout - les autres alertes sont juste des paniques injustifiées. Et puis, il y a une troupe de mecs insaisissables qui volent du métal et des bijoux, depuis plusieurs mois, en se montrant particulièrement violents. Et ce sont pas les voleurs locaux.

On passe voir le chef de la garde - en gros, la soldatesque qui s'occupe de veiller sur la ville en journée. Il nous refile quelques tuyaux et veut bien nous aider à monter un piège pour chopper les voleurs. On va monter un stand bien achalandé en métal sur le marché du lendemain. Il s'occupe de nous faire ça. Le type est bien cool.
Après s'être installé à l'auberge des Trois Chevaux, on va voir les gars de la milice. Eux prennent leur service en début de soirée pour patrouiller la ville de nuit. Des gars simples et assez sympas. Pas bégueules pour deux sous. June en repère un qui tressaille que je dis que les miliciens doivent certainement émarger à la guilde des voleurs. Les autres rigolent, pas lui.
On le choppe avant qu'il commence à ronde. Après l'avoir un peu secoué, mais pas méchamment, il nous file quelques infos : d'abord, si l'enquête avance pas, pour lui, c'est que les coupables seraient trois fils de nobles qui foutent la dawa dans le coin. Ils sont protégés. Forcément. Et puis il nous refile une adresse, son contact à la guilde. Une maison bleue, un peu au-delà de la boutique de l'alchimiste, "La Cage aux Fioles".

On débarque là-bas un peu plus tard. Le type m'accueille le couteau à la main mais comprend assez vite que ça sert à rien de s'énerver. Il finit pas s'asseoir et par nous proposer une mousse - mais il n'a pas de lait. Le mec nous explique deux trois choses sur les nouveaux venus qui s'attaquent aux marchands, mais n'a pas d'infos sur les disparitions. Mais bon : la ville est truffée de souterrains. Il y avait une autre cité ici dans le temps qui a été entièrement recouverte bien avant que la nouvelle ne s'installe. Sauf qu'on peut s'y rendre de partout, même si la plupart des accès sont murés. On n'est pas sorti de l'auberge s'il faut se farcir des souterrains poussiéreux et d'anciens bâtiments bouffés par la mérule. Bah.

Plus intéressant, quand même : selon lui, les nouveaux venus seraient des nains à la peau grise. Il les a rencontré une fois. Des violents. Il nous propose de nous montrer où il pense qu'ils se cachent. On finit notre mousse et on se met en route...

lundi 19 avril 2010

La propriété de Thanulson


7 Décimus 1667


Avant le départ, Kirsten se renseigne sur la propriété Thanulson, notamment l’endroit où elle se trouve précisément. Grégor, Sven et deux autres spadassins nous accompagneront sur place. Nous louons des chevaux et partons sans plus attendre. La route que nous allons suivre est bien entretenue et des relais de voyageurs se trouvent tout le long de cette route, mais cela a un coût : 1 guilder par personne et par demi-journée. De plus les auberges installées sur les bords de cette voie sont hors de prix, pour un confort correct mais pas exceptionnel.

9 Décimus 1667

Dans la matinée nous quittons la route tracée par les vendel pour une grande taïga. On finit par rencontrer un type, il nous informe que le vieux Thanulson était un maître des runes et un guérisseur. Il a été assassiné il y a une quinzaine d’années. Son fils aurait quant à lui disparu en mer. Selon lui son petit-fils, Colson, devait avoir une trentaine d’années quand le vieux est mort. Celui-ci a fait brûler la propriété, à cause des souvenirs qui s’y trouvaient selon notre interlocuteur.

Vingt minutes plus tard nous arrivons aux ruines. A quelques dizaines de mètres de la maison nous tombons sur un coin de forêt étrange. Les arbres y sont jeunes et de grosses souches sont encore présentes. Des souches de frênes… des arbres sacrés pour les vendel.

Je commence à me dire qu’on est venu pour rien. Une discussion houleuse commence avec Ilsa sur nos priorités, nos objectifs et les moyens d’y arriver. Elle me reproche de ne pas me décider alors que selon elle c’est moi qui doit infléchir une certaine direction à nos actions.

Les spadassins assistent incrédules à notre conversation un peu agitée.

Pour arriver à réunir les vesten et les vendel il va falloir régler le problème des noms, inviter le Conseil à renouer le dialogue et se débarrasser de certains adversaires. Ilsa a sûrement raison, le temps presse et il faut se focaliser sur quelques objectifs et se trouver des alliés pour remplir les autres. Je suis peut-être restée trop inactive vis-à-vis de la Ligue Vendel.

Nous retournons à un village situé non loin de la ruine du vieux Thanulson. Une grande maison communale se trouve au centre du bourg. Nous nous y installons un moment pour rencontrer les gens du coin. J’en profite pour interroger un homme sur Colson. Il me dit qu’il a été placé chez son grand-père après la disparition de ses parents, mais le grand-père et le petit-fils ne s’entendaient pas. Quand le vieux guérisseur a été tué, Colson est venu et il a rasé l’ancestral bosquet sacré. Depuis il n’est jamais revenu.

Kirsten propose de se rendre au cimetière cette nuit pour y voir les fantômes du coin et savoir si ils ont des choses à nous dire. Mais j’ai déjà vu les fantômes du coin, ils sont très distants et restent indifférents à ma présence.

Nous commençons à boire un peu. Kirsten est en train de faire des blagues assez nulles après une bière seulement. J’ai l’impression qu’elle ne supporte pas du tout l’alcool. J’en profite pour lui poser discrètement quelques questions gênantes pour savoir si elle a déjà eu des rapports sexuels. Il me semble que oui… étrange, je la croyais vraiment pucelle. Ou alors elle a des talents de manipulatrice cachés.

Nous allons loger sur place pour repartir avec toute l’énergie nécessaire dès le lendemain.
Le soir tout le village est présent. Les villageois vont tous se présenter à moi. Ils m’offrent pleins de présents. Je réponds poliment à leurs attentions, un peu gênée de recevoir tant de choses.

11 Décimus 1667

Nous arrivons très tard à Kirk. Dès demain nous allons agir pour que le Haut-Conseil se rallie à la Haute-Reine et que l’unification du peuple vendel et du peuple vesten soit le cheval de bataille de tous. Ilsa, sans le savoir, m’a insufflé un nouveau souffle ; Kirsten et Irvin m’ont convaincu qu’il était temps de faire bouger les choses. Il nous faut donc identifier qui seront nos alliés dans l’avenir et ceux qui s’opposeront à nous. La mission s’annonce ardue, mais trépidante.

Alliés et ennemis à la Ligue Vendel


12 Décimus 1667


Nous nous répartissons les divers membres de la Ligue Vendel pour aller les voir les uns et les autres, enfin tous ceux qui pourraient se révéler des alliés précieux.

J’arrive chez Val’Mokk. Il m’invite à le suivre dans un petit salon privé confortable. Je commence à lui parler de Colson, mais il m’interrompt très vite. Il souhaite connaître mes objectifs en tant que Haute-Reine. Je lui explique franchement mon objectif de réunir les deux peuples, les vendel et les vesten.

Val’Mokk me recommande de parler au Haut-Conseil avant de m’adresser au Conseil Ordinaire. La prochaine réunion du Haut-Conseil aura lieu le 15 décimus.

Val’Mokk revient sur le cas de Colson ensuite. Il pense que celui-ci est responsable d’une tentative d’assassinat faite contre lui et de la mort du chef de la guilde des usuriers. Il suspecte Colson de posséder plus de pouvoirs que le Haut-Conseil réunit, mais Val’Mokk croit que la magie n’est pas la force principale du maître des runes.

Quand j’interroge mon hôte sur les oppositions qui vont se faire contre la Haute-Reine, Val’Mokk croit que le maître de la guilde des charpentiers, probablement une « créature » de Colson, va s’opposer à moi. Allan Trell, sous ses aspects de pacifiques marins, serait un type qui hait profondément les vesten et serait peut-être même le chef du réseau qui gère les actions anti vesten, notamment les représailles ou les assauts contre les Faucons vesten.

D’ailleurs à ce sujet, il m’avoue que le Haut Conseil ne peut fléchir face aux attaques des Faucons, et c’est pour cette même raison qu’il ne peut condamner les actions des terroristes vendel.

Je laisse Val’Mokk en le mettant en garde sur Colson, qui pourrait s’avérer une plus grande menace que prévu.

Je reviens à notre auberge. Irvin ramène de l’hydromel de Skard comme présent, c’est un vrai délice.

Kirsten nous rapporte son entrevue avec l’eisenor. Le vieil représentant de l’Eisen pense que les commandos anti-vesten sont basés à l’académie navale. Il y aurait une sorte de fraternité là-bas. Au sujet de Brak, le chef de la guilde des charpentiers, l’eisenor a dit que c’est un type qui fuit les conflits, mais qui est capable d’entrer dans des colères noires. D’ailleurs son arrivée à la tête de la guilde, il y a peu de temps, a été surprenante. Il était loin d’être le favori pour la succession.
Nous déjeunons tous ensemble, puis Kirsten repart pour voir Sela et moi je vais aller discuter avec Lorraine. Irvin de son côté décide de passer l’après-midi avec sa gamine.

Dans le bureau de Lorraine, je tombe sur elle et ses deux amies. Elles s’arrêtent dans leurs gestions financières pour me consacrer un peu de temps. Selon l’une des amies de Lorraine, je suis le symbole de l’unification et « mes beaux yeux, mon joli cul, et ma flamme » seront les atouts pour rallier les vendel et les vesten sous ma bannière. Une façon un peu gênante de dire les choses, mais touchante.

Je demande à Lorraine ce qu’elle pense du type de la guilde des usuriers. Elle ne sait pas trop quoi penser de lui. Selon elle c’est un gros vicieux qu’elle n’arrive pas à cerner.

Puis, après quelques questions, Lorraine me conseille pour les paroles que j’aurai à prononcer devant le Haut-Conseil. Elle me dit d’éviter le côté mystique en public, et de garder cela pour d’éventuelles conversations privées. Pour les Filles de Sophie, Lorraine m’affirme que la culture vendel est assez ouverte sur la question des femmes, par contre il y aura sûrement des choses à régler avec les vesten qui ont une culture patriarcale très prononcée.

lundi 5 avril 2010

Foule enthousiaste


4 Décimus 1667


Aujourd’hui je me lève tard. Dans la matinée je dessine quelques idées pour le futur costume d’Ilsa. Ce début de journée est plutôt tranquille. Ilsa finit par choisir dans les modèles que je lui propose une tenue que j’ai baptisée Griffon Blanc, mais elle souhaite plutôt du noir que du blanc. Je demande à Elvin d’aller m’acheter le matériel nécessaire. Je lui confie même une mission plus secrète, celle d’aller faire confectionner un joli bijou que j’ai dessiné. Un futur cadeau pour Ilsa. J’espère que cela lui plaira.

Vers midi nous déjeunons tous ensemble. Le patron de l’auberge vient me voir pour m’annoncer que plusieurs personnes sont venues et ont demandé à me rencontrer. Bien sûr, soucieux de la tranquillité de ses clients, il a refusé de répondre positivement à ses demandes sans m’en avoir parlé avant. Je lui demande de continuer comme cela pour le moment.

Puis, un peu après le repas, je vais voir à la fenêtre de ma chambre pour voir un peu la situation extérieure. Des dizaines de personnes sont amassées devant le bâtiment. Je me sens tout d’un coup un peu dépassée par toute cette ferveur. Kirsten propose alors d’aller faire une petite ballade en ville histoire de me montrer un peu.

Nous descendons donc au rez-de-chaussée. Quand la porte de l’hôtel s’ouvre le brouhaha cesse presque aussitôt avant qu’une vive clameur se répande dans toute la foule. Puis la foule se presse. Kirsten et Ilsa doivent jouer des coudes pour repousser un peu les curieux et les admirateurs de la première heure. Heureusement une demi-douzaine de spadassins embauchés par l’hôtel vient donner un coup de main à mes amies débordées.

Ensuite la foule forme une sorte de cortège d’honneur et nous déambulons dans tout Kirk, sans trop vraiment décider de l’itinéraire. Des groupes de personnes, plus ou mois grands, se joignent au cortège ou le regardent passer. Cet élan soudain d’enthousiasme me déstabilise un peu.

Alors que la foule diminue peu à peu, nous rentrons vers notre auberge. Nous commençons très vite à envisager la suite des évènements. Peut-être serait-il bon de se trouver un lieu pour permettre aux gens de rencontrer la Haute-Reine. En tous cas nous sommes d’avis de nous trouver un lieu pour éviter de déranger tous les clients de l’hôtel. C’est ainsi que, dans la soirée, un notaire va passer pour nous proposer quelques demeures à louer.

La nuit commence à tomber sur Kirk. Irvin s’est rendu chez le maître de la guilde des Brasseurs pour un nouveau dîner. Ilsa, Kirsten et mo restons manger à l’hôtel. Irvin nous rapporte, après une soirée où il semble avoir bien bu et bien mangé, que Ska’Ardal et maître Trell (de la guilde des marins) sont des vesten prêts à lier des liens commerciaux avec les vesten. Allen Trell s’est même porté volontaire pour nous emmener dans les terres vesten, quand le temps sera de nouveau propice à la navigation.

Kirsten propose d’engager quelques spadassins pour rendre nos déplacements en ville, ou ailleurs, plus faciles. Elle dit qu’elle va aller se renseigner à la bibliothèque sur le protocole des vendel vis-à-vis du Haut-Roy, notamment au sujet des audiences publiques ou ce genre de choses.

Finalement cette journée aura été bien éprouvante et je m’endors aussitôt notre conversation terminée.

Solide équipe de spadassins


5 Décimus 1667


Kirsten est partie à la bibliothèque bien avant que je sorte du lit. Je crois qu’elle aime vraiment ce lieu. Cela m’arrange car moi c’est plutôt l’inverse. Non que je n’aime pas les livres, mais cette bibliothèque, immense et silencieuse, n’est pas un endroit où j’aimerai passer mes journées.

Pendant une bonne partie de la journée je travaille sur le costume d’Ilsa. Ilsa part d’ailleurs avec Irvin, en début d’après-midi, visiter les futures maisons que le notaire nous a proposées la veille. De temps en temps je jette un coup d’œil à la fenêtre pour constater que les alentours de l’hôtel ne désemplissent pas.

Ilsa et Irvin reviennent à l‘hôtel dans le courant de l’après-midi. Ils ont trouvé une belle petite baraque où nous installer dans le quartier des guildes. Mais cela n’est pas donné. Près de 200 guilders par mois pour la location et pas moins de 1 000 guilders pour effectuer les quelques réparations, acheter les meubles nécessaires et rendre l’endroit confortable. La veille Kirsten s’est portée volontaire pour régler la note. Il ne lui reste qu’à confirmer et nous devrions pouvoir nous installer dans nos nouveaux appartements d’ici une quinzaine de jours.

Dans l’après-midi je reçois aussi quelques spadassins, environ une demi-douzaine, qui ont répondu à l’annonce mise par Kirsten au bâtiment des spadassins. J’en élimine deux assez vite qui me semble être des forts en gueule. Quatre autres me semblent efficaces et je les engage donc. L’un d’entre eux m’a demandé pas mal de réflexion avant d’accepter de l’embaucher.

Il s’appelle Sven. Il avait une bonne place comme spadassin mais il a démissionné pour venir se mettre à mon service. Un type visiblement exalté qui m’a d’abord fait un peu peur. Cependant plusieurs points ont penché en sa faveur. D’abord c’est un vendel de naissance qui semble avoir une réelle passion pour la culture vesten. D’autre part il possède un nombre de lettres de recommandations impressionnant. Et sur ces lettres ses employeurs le décrivent comme quelqu’un d’honnête, de loyal, de courageux et jouissant d’une chance hors-du-commun… J’ai presque aussitôt pensé aux Quatre Voies.

A la fin de la journée Kirsten est revenue nous informer de ce qu’elle a appris de sa journée passée dans les livres. Selon les anciennes coutumes, les yarls pouvaient rencontrer le Haut-Roy presque à tout moment. Les thralls et les karls avaient une journée par an qui leur était consacrée et durant laquelle ils pouvaient obtenir une audience auprès du Haut-Roy. Quand les vendel se sont séparés des vesten, les membres de la Ligue Vendel ont reçu les mêmes droits que les yarls. Cependant dans les bouquins il n’est nullement fait référence du haut conseil et du conseil ordinaire. En fait la constitution entre vendel, vesten et Haut-Roy et quasiment inexistante, presque tout reste à définir. Quelle galère … mais peut-être est-ce aussi un grand avantage.

Pendant le repas du soir, Kirsten accepte de payer les frais de la nouvelle demeure où nous allons nous installer. Mais avant de songer à nous installer, une affaire m’inquiète. Celle de Colson, le maître des runes, et ses fantômes. J’en fais part à mes compagnons et nous tenterons dès demain de trouver des éléments sur cette étrange histoire.

6 Décimus 1667

Ce matin je dois recevoir une dizaine de spadassins qui répondent à notre annonce. Kirsten, encore présente, fait la rencontre d’un homme qu’elle connait et qui est venu se faire embaucher comme spadassin. C’est un ancien garde du palais Pösen, un officier de grande valeur d’un certain âge. Il était à la retraite mais a décidé de reprendre du service. Kirsten me le recommande avant de quitter l’hôtel. Le vieux bonhomme s’appelle Grégor. En plus de cet ancien militaire, j’embauche six autres hommes qui me paraissent faire l’affaire.

L’affaire Colson


6 Décimus 1667


Dans la journée je monte un plan avec Kirsten et Irvin pour aller chercher quelques informations chez Colson. Kirsten a passé la matinée dans son endroit fétiche mais n’a pas trouvé grand-chose sur lui. J’ai du mal à prendre des décisions, et surtout à savoir si le cas de Colson est si important que cela. Kirsten et Irvin me poussent alors à agir. Irvin ira inviter Colson à l’hôtel. L’idée est alors d’envoyer Elvin fouiller dans les affaires du maître des runes dès qu’il aura quitté son école. Puis, ce soir, après un diner au restaurant, nous irons espionner Colson. Cela me semble viable.

Colson arrive dans mes appartements dans l’après-midi. Je commence à l’interroger sur les runes en faisant mine de ne pas trop connaître le sujet. Ce qui n’est qu’une demi-vérité. Mais très vite, alors qu’il m’a déjà expliqué les bases, je lui pose quelques questions plus pointues. Je sais que les runes sont une question de foi en elles, mais la manière dont Colson les présente est assez singulière. Il semble ne voir dans les runes qu’un aspect technique, d’un apport de puissance et de pouvoir, et il passe complètement à côté de la face ésotérique des runes vesten.

Tout cela me semble bien détaché des racines de cette magie ancestrale. J’essaie donc d’orienter les questions sur le côté ésotérique des runes, mais je n’ose pas trop pousser le débat de peur que Colson ne se rende compte que je suis en train de le sonder. J’ai juste l’impression que Colson rejette cet aspect de sa magie, peut-être même qu’il craint ou déteste le côté ésotérique des runes.

Quelques temps après le départ du maître des runes, Elvin finit par revenir à notre quartier général temporaire. Il nous dit qu’il n’a pas pu fouiller le bureau car trop de personnes étaient présentes dans les lieux. Elvin trouve quelque chose de bizarre à cette école. L’école doit compter une centaine d’élèves, presque tous issus des bonnes familles détenant un certain poids politique.

Mais il y a clairement deux types d’élèves : les élèves qui paient et apprennent tranquillement l’art des runes, et d’autres qui appartiennent à un autre cercle plus mystérieux, plus sombre. Elvin a espionné quelques élèves qui lui ont semblé particulièrement malsains. La haine, la méchanceté et l’égoïsme jaillissaient de leurs êtres. Des types vicieux qui parlaient d’affaires bizarres à mots couverts. Des types sur lesquels Colson semble avoir une grande influence.

Il y a donc bien une sombre histoire qui se dissimule dans l’ombre de Colson. Maintenant il nous faut trouver des indices pour comprendre ce qu’il trame. Je suis de plus en plus convaincue que l’histoire avec les proxénètes, et le maître des runes qui les couvrait, est directement liée à Colson. Est-il ce mystérieux instigateur qui veut créer le chaos dans la région ? Ou est-il un des nombreux pions au service des forces sombres à l’œuvre dans ce monde ?

Intrusion


6 Décimus 1667


Dans la soirée nous prévoyons d’aller au restaurant, de revenir à l’hôtel, puis d’échapper à la vigilance de nos propres gardes pour aller chez Colson. Mais un problème de taille risque de se présenter à nous : Grégor. Grégor est un ancien garde du palais de Fraü Pösen et il y a de fortes chances que nous n’échappions pas à sa surveillance, surtout quand il faudra revenir à l’auberge. Je le convoque donc dans la suite pour le mettre dans le coup. Je l’informe donc que la garde officielle de la Haute-Reine doit toujours rester en alerte, mais je le charge de me créer une porte de sortie pour mes obligations plus discrètes, et celles de mes compagnons aussi.

Nous nous conformons donc au plan initial. Nous allons manger au restaurant. Puis nous revenons à l’hôtel avant de ressortir pour la demeure de Colson, par une voie couverte par Grégor. Celui-ci attendra notre retour.

Devant l’école de Colson nous nous séparons en deux groupes. Irvin et Kirsten restent à l’extérieur pour surveiller les éventuels déplacements et couvrir la sortie, Ilsa, Elvin et moi nous chargeons de pénétrer à l’intérieur de l’école.

Sans un bruit je me glisse dans le bureau que j’ai déjà visité il y a quelques jours déjà. Je retrouve les titres de propriétés, notamment celui d’une vaste zone au nord de Kirk, le domaine de Thanulson. C’est à trois ou quatre jours de la ville, dans une zone forestière.

Je m’attarde à fouiller un peu plus les lieux. Je finis par trouver un cahier avec une longue liste d’élèves. Il doit y avoir près de cinq-cents noms couchés sur le papier. Je repère un nom, celui du maître des runes retrouvés avec les proxénètes et qui est mort de ses blessures… enfin c’est ce qu’on nous a dit. Son nom a été barré récemment. D’ailleurs un bon tiers des noms sont rayés, sans aucune annotation pour en connaître la raison, mais je doute que tous ces élèves soient morts. Peut-être pas de bonnes recrues pour Colson.

Alors que je suis sur le point d’abandonner mes recherches, je repère un symbole placé devant plusieurs noms. J’avais pris cela pour des guillemets, mais il n’en est rien. Il s’agit de la rune Kjolig, qui signifie Haine. Il y a près d’une soixantaine de noms avec ce symbole, dont celui du jeune maître des runes au service de l’ancien réseau de proxénètes que nous avons fait tomber.

Puis nous ressortons de l’école avant de rentrer tranquillement dans nos pénates. Il va sûrement falloir que l’on se rende à la propriété de Thanulson, le grand-père de Colson, pour en apprendre un peu plus. Quant à moi je vais devoir profiter du voyage pour prendre des décisions concrètes sur les interventions de la Haute-Reine dans les semaines à venir. Car le temps risque de jouer contre nous si je ne me dépêche pas d’agir.