mardi 8 décembre 2009

Un service pour Amanda


8 Octavus 1667


J'ouvre la porte. Devant moi se trouve Amanda. C'est une belle femme aux cheveux auburn ondulés et aux yeux noisette. C'est ma mère d'adoption quelque part. Je suis très surprise de la voir.

Quelques instants plus tard nous sommes installés dans la chambre pour discuter tous ensemble. Amanda m'a informé qu'elle m'avait retrouvé car elle veille sur moi par magie et sait donc où je me trouve à peu près tout le temps. Amanda est soucieuse pour plusieurs raisons. D'une part elle n'a plus de nouvelle de Lérino depuis que nous l'avons quitté. Elle nous informe de cela au moment où nous lui racontons l'épisode avec la sorcière. Et puis il y aura dans les jours qui suivent le bal d'automne annuel de la famille Villanova. Beaucoup de Filles de Sophie vont être mobilisées pour couvrir l'évènement et nous ne pourrons certainement pas quitter la ville avant cinq jours minimum.

Amanda s'inquiète de savoir comment je vais. Au moment où elle me pose la question les deux autres toussent sotement. Je les fusille du regard mais ça à l'air de faire sourire Amanda. Nous lui racontons en détail l'incident sur le bateau et au moment où nous lui parlons d'une solution pour prendre Angela, l'orpheline qui traîne dans les pattes d'Irvin depuis que ses parents sont morts sur le navire, celle-ci pleure et semble refuser de se séparer d'Irvin.

Avant qu'Amanda nous quitte je l'interroge un peu sur le NOM. Mais elle ne sait pas grand chose à ce sujet si ce n'est qu'il s'agirait d'une organisation de personnages puissants oeuvrant ensemble pour asseoir leur pouvoir.


9 Octavus 1667

Le lendemain matin deux femmes nous ramènent des vêtements pour changer nos tenues, des jeux de société pour nous occuper et même des jouets pour la gamine. Moi ce qui m'amuse le plus c'est de voir Kirsten en femme. Ca fait tout drôle de la voir en robe. Elle semble vraiment mal à l'aise dans sa tenue et elle n'est pas la seule, Irvin se plaint aussi de l'inconfort de ses vêtements. Nous devons rester planqués le temps que le bal d'automne se termine pour repartir en bateau. Mais le temps est si long quand on n'a pas grand chose à faire. Et trop de temps pour réfléchir ce n'est pas bon pour le moral...


12 Octavus 1667

En fin de matinée Amanda nous rend visite. Une de ses filles a disparu durant la nuit. Et c'est la troisième depuis le début du bal, même si les deux autres ne sont pas de la même école. Amanda a besoin de notre aide pour éclaircir cette affaire. La fille qui a disparu était au bal de la famille Digorgio, une famille de négociant de vin et d'olive qui mène une guerre ouverte contre les vendels. Elle s'appelle Giselle. C'est une brune aux cheveux longs d'une vingtaine d'années. Elle est assez pleine. Pour les deux autres courtisanes Amanda n'a pas de détail mais elle connait les noms.

Nous partons de l'auberge en direction des deux autres écoles de courtisanes afin d'en apprendre un peu plus sur les deux autres disparues. Pendant le trajet Kirsten me demande un nom de bled pour dire qu'on vient du fin fond de la cambrousse. Je réponds à sa question... en changeant un peu le nom du patelin. La ville que je lui ai donnée est plutôt connue pour ses bordels que pour être au bout du monde.

Nous arrivons à l'école de dame Léonardina. Nous y apprenons assez vite que la fille qui a disparu de son école se prénomme Julie. C'est une jeune femme, assez grande, châtain, les yeux verts, avec une réputation d'être douce. La dernière fois qu'elle a été vue s'était au bal de Verdi. Sans perdre de temps nous filons à l'autre école. Les circonstances de disparition semblent à peu près identiques même si aucun lien ne peut être fait sur l'apparence des filles. Cependant dans ce cas, comme celui de Giselle, l'ange gardien a disparu. Les anges gardiens sont des hommes d'armes payés pour protéger les filles et veiller sur elles.

Nous nous rendons à la maison Digorgio pour y rencontrer les serviteurs et tenter de trouver quelques informations qui nous offriraient des pistes. Je vais interroger le régisseur qui dirige son armée de serviteurs pour nettoyer les lieux au plus vite. Mais nous sommes très vite interrompus par un jeune homme. Il emmène le régisseur vers les cuisines après lui avoir glissé quelque chose à l'oreille. Nous les suivons pour découvrir qu'un cadavre a été retrouvé dans les cuisines. Il s'agit de l'ange-gardien qui veillait sur Giselle. Quelle poisse ! Je me glisse doucement pour aller examiner le cadavre. C'est alors que Kirsten renverse une cuisinière. Plein de trucs tombent à terre et la bonne femme répand un flot d'insultes sur Kirsten. Au moins ça donne le temps à Irvin et moi de regarder l'ange gardien d'un peu plus près. Il a des blessures de stylet au flanc. Il tient quelque chose dans sa main. Irvin lui ouvre les mains et nous découvrons un bout de tissu que nous planquons bien vite.

Après l'incident de la cuisine, j'écoute un peu les conversations. Mais personne ne semble rien savoir, sauf un gamin qui dit que des rideaux sont tâchés. Au début il a cru que c'était du vin, mais avec les nouvelles qu'il vient d'apprendre, sa première idée se retrouve un peu chamboulée. Mais sur les lieux où les rideaux sont tâchés pas d'information supplémentaire.

Nous quittons la demeure de la famille Digorgio, avec le corps de l'ange gardien que nous prenons soin de remettre à Amanda. Pendant le trajet nous examinons le morceau d'étoffe retrouvé sur le cadavre. Il s'agit d'un insigne. Un symbole de spadassin amélioré sur lequel on peut voir des edelweiss. Je reconnais ce symbole. Il s'agit de celui de Stéphano Calvi, un spadassin qui bosse souvent pour Villanova. Quand nous rencontrons Amanda pour lui remettre le cadavre du type assassiné, elle nous dit que Stéphano bosse chaque année, pendant le bal d'automne, pour un noble de Numa, Spaggiari. Ce noble organise des soirées mais très privées, entre amis.

La seule idée qui me vient c'est d'aller se mettre en planque devant la maison de Spaggiari pour y attendre l'éventuelle sortie de Stéphano Calvi. Nous attendons quelques temps avant de voir des invités masqués se pointer à la demeure. Et plus d'une heure plus tard, Stéphano sort de la maison. Nous le prenons alors en filature. Il se rend jusqu'à la maison d'un petit noble. De nouveau nous nous mettons en planque.

Un bon moment s'écoule. Tout d'un coup Elvin vient me prévenir qu'il se passe quelque chose à l'arrière de la maison. Quand j'arrive sur place je vois Stéphano charger une fille dans une chaise à porteur. Plusieurs gars armés l'accompagnent. J'aperçois alors Irvin qui déboule au milieu de tout ce monde. Mais il continue sa route, faisant mine qu'il est pressé. Toute la petite troupe retourne vers la maison de Spaggiari.

Nous sommes de nouveau en planque, une habitude depuis le début de la soirée. Elvin est parti quelques minutes auparavant pour espionner sur place ce qui se trame. Il revient, le teint vert. Il nous annonce qu'il a découvert une série de cages dans les caves. La fille qui vient d'être kidnappé y est enfermée. Mais il n'a pas trouvé Giselle, ni les autres. Il a juste découvert un abattoir... les filles seraient mangées ? C'est écoeurant.

Elvin a été chargé de prévenir Amanda pour tenter de faire bouger Villanova. Pendant ce temps j'en profite pour remettre mon costume de Phénix. Et alors que nous attendons devant la baraque des immondes fêtards, Villanova arrive en personne. Il a une impressionnante garde à ses côtés. Il rentre dans la demeure. Quelques minutes plus tard certaines personnes ressortent par devant sans masque sur le visage et vont être conduites à la garde. D'autres, des amis de Villanova sûrement, sortent par derrière et pourront filer s'en devoir s'en mordre les doigts... pour le moment. Le spadassin fait partie de ces "privilégiés". Il va falloir se charger de cette pourriture.

Le calme commence à retomber. Je songe à ce qui peut être tenté contre Stéphano, mais il ne faut pas que je mette Amanda en difficulté. D'ailleurs je n'ai toujours pas trouvé un moment pour parler avec elle en privé. Il faut que je trouve le temps... après tout j'ai pas mal de choses à lui confier. J'espère qu'elle aura aussi un peu de temps de son côté.

En pleine tempête


28 Septimus 1667


La plupart des passagers se sont réunis sur le pont. J'en profite pour retourner dans notre chambre et tenter d'ouvrir la boîte dont l'artisan prend tant soin. Mais je n'y arrive pas, le cadenas est trop difficile à crocheter. Il faut dire que ma patience est mise à rude épreuve par tout ce qui nous arrive et je ne prends pas le temps nécessaire à cette tâche.

Dans la journée le capitaine se débarrasse des corps. Il fait appel à tous les hommes d'armes du navire pour monter une surveillance accrue jusqu'à ce que nous arrivions au port. A la nuit tombée tout le monde est réuni sur le pont, protégé par des toiles de tissus huilées. Je commence à m'assoupir quand tout d'un coup une poulie lâche et me percute. Heureusement le choc n'a pas été très violent. Puis les voiles lâchent. Un marin se fait percuter par les câbles qui cèdent les uns après les autres. Le mât craque avec un bruit sourd et plusieurs personnes se retrouvent piégées.

Puis des formes se glissent sur le bateau par-dessus le bordage. Des formes sombres et ... insectoïdes. Quelle horreur ! Ces créatures ont des pattes avant comme celle des mantes religieuses, des têtes pleines d'yeux avec des mandibules et des lames de chitine leurs recouvrent le corps. Les saloperies de bestioles nous chargent. Quelques attaques pour réaliser qu'elles sont assez lentes mais elles compensent par une armure efficace. Alors que je tente de percer l'armure de mon adversaire, celui-ci se rue sur moi et me percute violemment. Je passe par-dessus bord et une partie de la voilure me coince dans l'eau. Je finis par me hisser sur les débris de la voile et par remonter sur le bateau grâce à eux. En remontant je remarque des cocons coincés sous la corniche. C'est là que ces créatures ont dû se planquer.

Au moment où je reprends pied sur le pont du navire, mes compagnons sont toujours en train de combattre. Je bondis alors dans le dos d'un de ces hommes-insectes pour le transpercer. Après la morsure de ma lame il se retourne en gueulant. Bizarre... un instant j'ai cru comprendre ce qu'il disait. C'est dans le même moment, alors que mon adversaire tombe sous les coups, que je remarque une de ces créatures à la proue du navire. Elle tient un homme par le cou. Il s'agit du scribe croisé dans la diligence un peu plus tôt. Elle lui ouvre la gorge et un vortex organique et sombre apparaît. On dirait qu'elle vient d'ouvrir une brèche dans la barrière Syrneth. C'est alors que, par un heureux coup du hasard, le pont avant se brise alors qu'un mât tombe sur celui-ci. L'instant d'après, plus aucune trace de la créature, du scribe ni du vortex.

Nous finissons de nous débarrasser des créatures sans trop tarder. Nous avons subi pas mal de perte. Le plus gros souci pour nous désormais est le fait que le bateau est en train de sombrer. Tout le monde commence à monter sur la barque attachée au flanc du navire. On jette des planches à l'eau afin de confectionner un radeau. Elvin remonte des cales avec les chevaux. Ils ont l'air complètement ailleurs.


29 Septimus 1667

Le capitaine a donné un cap aux deux embarcations de fortune sur lesquelles nous sommes. Nous avons assez de vivre pour tenir une semaine, mais encore faut-il que nous tombions bien sur une île. Je commence à grelotter de froid avec l'espoir d'arriver au plus vite sur une terre, même si c'est l'île de Villanova.


5 Octavus 1667

Une terre se présente à l'horizon. Et c'est l'île de Diona qui se présente devant nous. Je la reconnais bien. Le port de Diona est construit sur le flanc d'une masse montagneuse, les restes d'une caldera. Nous débarquons donc quelques instants plus tard sur l'île. Elvin m'a changé discrètement la teinte des cheveux. Ils sont désormais bruns. Nous nous dirigeons au plus vite dans une auberge pour nous reposer et nous planquer. J'ai fait en sorte de prendre une auberge que je sais plutôt discrète.


8 Octavus 1667

Nous nous sommes reposés quelques jours sans vraiment quitter l'auberge. Mais tout d'un coup quelqu'un vient frapper à la porte en plein début d'après-midi.