samedi 24 avril 2010

La folie d'Ilsa


13 Décimus 1667


La garde municipale est stationnée devant un grand bâtiment. Les gardes ont acculé une jeune femme qui s’est enfermée à l’intérieur d’un entrepôt. Ils auraient dû l’arrêter en y mettant la force, mais ils ont reconnu une de mes gardes du corps : Ilsa. L’inquiétude me ronge. Un des gardes continue de me parler, mais je n’entends plus vraiment les mots qui sortent de sa bouche. Je comprends juste qu’Ilsa aurait tué cinq personnes… Ce n’est pas elle… ce n’est pas possible. Je rentre de manière imprudente dans l’entrepôt. Je crains qu’il ne soit pas difficile de comprendre que la personne qui s’est réfugiée ici est plus qu’une simple garde du corps. Mais peu importe.

A peine rentrée, étroitement défendu par Irvin et Kirsten, une masse nous tombe dessus l’épée au clair. Irvin lui balance une caisse dessus et Kirsten enchaîne avec un coup de poing pour l’assommer. Ilsa tombe à terre. Je n’ai pas réagi. Mes compagnons sont allés trop vite… et je suis restée figée, comme une imbécile.

Je me précipite sur Ilsa. Heureusement elle est juste assommée. Elle a les lèvres blanches d’écume et ses vêtements sont tâchés de sang. Derrière moi le prévôt m’annonce qu’Ilsa est en état d’arrestation, mais qu’il va bien sûr la faire conduire à l’hôpital d’abord. Je vais réagir, mais Kirsten me glisse qu’on ne peut que laisser les forces de la loi agir. Elle a raison. Mais mon désarroi ne me lâche pas.

Les gardes vont installer Ilsa sur un brancard pour la conduire à l’hôpital. Je suis la petite troupe, tandis que Kirsten et Irvin partent à la chasse aux informations, pour tenter d’élucider le mystère de la folie qui a mis Ilsa dans cet état. Grégor et Sven me suivent. Une grande colère et une profonde tristesse commencent à m’envahir. Mais la rencontre avec le Haut Conseil arrive bientôt. Il ne faut pas que je me laisse démonter, car c’est sûrement ce que les gars qui ont commis cet acte odieux voulaient.

Quelques minutes plus tard je suis dans une des chambres de l’hospice. Ilsa se réveille soudainement alors que le médecin l’avait détachée pour l’examiner. Elle se jette à son cou et commence à l’étrangler. Je me précipite pour la maîtriser. Je tourne le dos pour prendre le coup de matraque qu’un garde arme pour frapper Ilsa. Sven et Grégor m’aide à replacer Ilsa sur le lit et une infirmière commence à l’attacher avec des bracelets de cuir. Ilsa m’insulte, me lance des regards plein de haine. Je sais bien que ce n’est pas elle, mais ça me fait mal...

L’infirmière fait boire une décoction à Ilsa pour la calmer tandis que le médecin prend cinq minutes pour aller se faire soigner la gorge. Quelques instants après il l’a fait déshabiller pour un examen médical. Elle n’a aucune marque visible sur elle à part les quelques bleus engendrés par nos efforts pour la contrôler.

Je caresse le front d’Ilsa. Par quelques murmures à son oreille je la prie de revenir à elle et à la raison. Une violente tristesse m’envahie, mais je refoule mes larmes. Je dois éviter de montrer à quel point je suis touchée. On doit continuer à croire qu’Ilsa n’est qu’une fidèle garde du corps de la Haute Reine, sinon je la mets en danger, plus qu’elle ne l’est déjà.

L’amie de Lorraine avait raison quand elle disait que « mes beaux yeux, mon joli cul, et ma flamme » seraient des armes redoutables. Pour le moment mes adversaires vont juste goûter à la flamme ardente de ma passion et ils liront dans mes yeux la colère qui n'anime. Et pas du côté qui nourrit mon amour pour Ilsa et mes amis. Je veux que les sales types, responsables de ce qui arrive à Ilsa, sachent qu’ils ont commis une terrible erreur.

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