jeudi 24 mars 2011

La Lance du Python

« L’Âge des Dieux touchera bientôt à sa fin, le sang d’un de leurs enfants sur ma lame en témoigne. » Alkyria, Lame du crépuscule.

L’homme au bras d’or n’est plus qu’une statue de pierre. Pour moi cela ne s’annonce guère mieux. Mes jambes sont déjà pétrifiées et la pierre continue sa progression. Seule Diane possède encore toutes ses capacités.

Dans un élan de rage je lance mon harpon dans la direction du guerrier-serpent, et surtout de son terrible bouclier orné d’un dragon. Le terrible regard de ce dernier transforme tout ce qu’il croise en pierre. La course du harpon est déviée par le bouclier, mais celui-ci se plante dans l’épaule de son porteur, Echion, qui se retrouve cloué à une colonne de pierre. Diane s’avance vers lui, tranche le bras tenant le bouclier, puis l’autre. Le sang d’Echion macule le marbre blanc de sa couleur fétide, un vert sombre.

Déjà les troupes du guerrier-serpent arrivent. Pas trop le temps de réfléchir. Visiblement Diane a pris cette logique au pied de la lettre. Avant que je puisse dire quoi que se soit, elle abat sa lame sur mes jambes de pierre qui volent en éclats. Je chute lourdement sur le sol. Le rire d’Echion résonne dans les lieux. Le pas lourd de ses soldats se rapproche de seconde en seconde.

Diana achève Echion en lui tranchant le ventre. Ses tripes se répandent sur le sol et une puanteur infecte envahie l’air. Je commence à ramper vers mon harpon, bien que la situation semble de plus en plus désespérée. Les soldats d’Echion arrivent au contact. Diane délivre des coups à droite et à gauche, mais elle se retrouve vite submergée. Entraîné par le corps inanimé, mon harpon chute vers le sol. D’un coup sa chute ralentie, avant de se stopper nette. Tout n’est plus qu’une image silencieuse et immobile.

L’instant d’après, nous sommes devant les portes de la salle du trône du roi de Delfi. Les souvenirs de notre défaite contre Echion encore présents dans nos esprits.

Nous entrons dans la salle du trône. Le roi de Delfi, Cetérios, est installé sur celui-ci, tout au bout d’un immense couloir formée par les statues des héros de la cité. A ses côtés se trouve Xénophia, son épouse, et une vieille femme, la grande devineresse de la cité. Malgré notre récente victoire contre la ville de Cadmé, qui n’est plus que ruines depuis que nous avons mené les troupes de Delfi sur celle-ci, une lueur d’inquiétude transparaît dans les yeux du vieux roi.

Cetérios nous explique que les troupes de Cadmé sont en route et marchent vers Delfi. Il semblerait que les morts se soient levés et avancent vers l’objet de leur haine. A la tête de cette armée se trouvent les hommes-semés. Il s’agit d’être mi homme mi serpent foulant ce monde depuis des siècles. Le Tueur, un dieu sombre, avait un fils répondant au nom de Doragan. Il fut tué et ses dents furent plantées dans la terre. C’est ainsi que naquirent les hommes-semés.

La vieille oracle prend alors la parole. Elle affirme que Delfi ne pourra se débarrasser des hommes-semés à la seule condition que la lance du Python soit ramenée dans la ville. Le seul problème, c’est que cet artefact est aux mains d’Apostolas, le fils de Cetérios, qui fut banni de Delfi il y a de cela quelques années. Le roi est prêt à se montrer magnanime et autorisera Apostolas à revenir… Quelle bonté d’âme !

Nous partons pour l’île de Miran, la dernière destination d’Apostolas. Nous pensons à embarquer un pavillon d’Argos, ville avec laquelle l’île est en bon terme contrairement à Delfi. Nous prenons aussi de l’or noir liquide dans des globes en argile et un peu de matériel pour le voyage.

Miran est une île volcanique aux reliefs escarpés. L’activité principale des habitants de l’île est le commerce du bois. Une puissance commerciale et une ressource indispensable aux nations côtières protègent Miran d’une éventuelle attaque des puissantes armées des pays voisins. Une sorte d’extorsion de ressources volontaire.

Nous nous arrêtons sur l’un des deux comptoirs de l’île : Miltos. Miltos est installée sur les rives d’un delta, comme toutes les principales villes de l’île.

Nous nous installons dans une taverne pour tenter de dénicher quelques informations qui pourraient nous mettre sur la piste d’Apostolas. Le patron du bouge, un certain Kasa, nous baratine sur le fait que tous les héros de Miran s’arrêtent chez lui et vante les mille mérites de Miltos. C’est amusant au début, mais ça ne nous apprend pas grand chose. Nous décidons donc de retrouver Dharam, aussi appelé le Corsaire Rouge, une des figures emblématiques de Miran et des mers tout autour.

Il n’est pas bien difficile de retrouver Dharam, c’est le « protecteur » de l’île, alors autant dire qu’il est connu comme le loup blanc. Dharam a une allure plutôt atypique. Il est vêtu d’une veste rouge largement ouverte sur son torse nu, possède une longue moustache qu’il ne cesse de tripoter et il est entouré d’une véritable cour des miracles.

Il me drague, ainsi que Diane. Plutôt à la mode mâle prétentieux et trop sûr de lui… mais bon. Il nous confie une information pour trouver un héros à la lance (sans s’empêcher de faire un jeu de mot lubrique) en échange de la promesse de revenir « se divertir » avec lui une fois notre mission terminée. Diane et moi nous acceptons le deal. Avec un peu de chance il doit draguer tellement de femmes que cette idée lui sera passée au-dessus de la tête dans une ou deux semaines.

Suivant les conseils de Dharam, nous nous dirigeons vers le village de Nickyfuros, un lieu où les gens promis à de grandes destinées pourraient trouver refuge. Il n’a pas été aisé cependant que quelqu’un nous situe ce village tellement il semble paumé au nord de l’île.

Alors que nous sommes en vue du village, un étrange phénomène se déroule sous nos yeux. Juste au-dessus de Nickyfuros un lourd nuage noir déverse un flot continu de neige. Mais il ne s’agit pas de la seule anormalité du coin. De profonds puits de cinq ou six mètres de diamètre creusent le sol ici et là. Ils semblent sans fond. Probablement mènent-ils directement sur le domaine du Trône Sombre.

Nous allons jusqu’au cœur du village. Il semble complètement désert. Le guerrier au bras d’or commence à discuter avec des gens réfugiés derrière un muré. Leurs voix sont étranges et au moment où ils nous demandent si nous savons où se trouve Apostolas, je fais le tour du muret pour voir à quoi ressemble ces individus. Ce sont des hommes-serpents.

Mon harpon fuse vers le premier alors que je m’élance vers lui. Mon harpon le touche en plein torse. J’enfonce mon arme plus profondément à travers son corps pour tuer le deuxième avant de la retirer de cet amas de chair pour décapiter le dernier. Mais déjà deux troupes de plusieurs dizaines de ces créatures s’avancent vers le village.

Le Guerrier au Bras d’Or fonce vers un des groupes, tandis que moi et Diane nous apprêtons à intercepter l’autre.

Les hommes-serpents vont bientôt pénétrer dans Nickyfuros. Le Guerrier au Bras d’Or donne un immense coup de poing sur une haute baraque qui s’écroule dans un fracas assourdissant. Plusieurs hommes-serpents meurent écraser par le bâtiment en question, tandis que d’autres chutent dans l’immense trou proche. A travers la poussière et les décombres, le Guerrier au Bras d’Or bondit et précipite les survivants dans le puits sans fond ou écrase leurs vies fébriles de son bras puissant.

Diane traverse les hommes-serpent arrivés à quelques dizaines de mètres de nous. Les membres volent au son des cris de douleur. Je profite de la confusion pour empoigner mon harpon au bout de la hampe et tourbillonner dans leurs rangs. C’est un véritable jeu de massacre. Quand je me retourne il n’y a plus une seule créature vivante. Seule Diane est encore debout, couverte de sang verdâtre, au milieu des cadavres en pièces.

Un peu plus tard, après quelques recherches, nous retrouvons les rares survivants de Nickyfuros, des femmes, enfants et vieillards pour la grande majorité. Nous interrogeons un vieillard sur Apostolas. Il ne ment pas, mais sa façon de raconter ce qui est arrivé à Apostolas est pleine de blancs et de non-dits. Il serait mort d’une maladie il y a à peu près un an de cela.

Alors que nous nous inquiétons de savoir où se trouve la lance du Python, une femme s’avance avec un enfant dans les bras. Elle affirme qu’il s’agit du fils d’Apostolas et qu’il est l’héritier de la fameuse lance. La femme en question est pleine de haine et elle veut que le peuple de Delfi meure pour le meurtre de son mari car, selon elle, la femme de Cetéros, Xénophia, est la cause même de la maladie qui a emporté son mari.

Le Guerrier au Bras d’Or semble d’accord avec la tournure que prennent les choses. Il semble satisfait de voir Delfi brûler. Etrange… serait-ce un coup de bluff que j’ai mal compris ? Pas le temps de m’en assurer. Je prends la responsabilité de ramener la tête de Xénophia en échange de la lance du Python. Que les Dieux soient témoins de cette promesse.

La femme nous amène un peu plus loin dans la cavité où elle et son peuple ont trouvé refuge, jusqu’à une grotte au centre de laquelle se trouve un pilier de granit décoré d’un serpent. Elle demande à son fils, Evangelios, de lui ramener la lance. Le gamin touche le pilier. Le serpent semble resserrer son étreinte autour de la masse rocheuse et celle-ci explose, ne laissant que de la poussière et une superbe lance. La lance du Python.

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