lundi 28 mars 2011

Incidents en pagaille

Je me dirigeais vers mon hôtel au moment où j'ai entendu une pétarade. Je me retournai et vis une voiture... celle de Jean Sem... mais ce n'était clairement pas lui au volant. Le conducteur était un type en noir, comme les deux autres types qui bloquaient Jean Sem entre eux sur les sièges arrières.

Je courus vers la voiture, mais celle-ci était déjà trop lancée pour qu'il fut possible de l'intercepter. A ce moment, Jean Sem s'était débarrassé quelque peu de ses deux gorilles et hurla quelque chose en sortant la tête par la fenêtre. Malheureusement je n’entendis pas un mot. Il eu le temps de lancer quelque chose en dehors de la voiture avant de se faire maîtriser par les deux gars à côté de lui.
La bagnole fila au détour d'une rue.

Je cherchais l'objet laissé tomber par Jean Sem pendant un moment, avant de décider de rentrer à l'hôtel pour demander de l'aide. Je revins sur les lieux quelques minutes plus tard, accompagnée de deux grooms. Ils avaient apporté de la lumière avec eux, ce qui a grandement facilité la tâche. Il eu tout de même fallu presque dix minutes pour que l'un des deux employés de l'hôtel retrouva un anneau en platine. Je prétextais qu'il s'agissait bien de mon « bijou », puis nous rentrâmes à l'hôtel. Je les récompensai et je m’installai dans la salle d'attente pour guetter le retour de Vassilia et de la jeune égyptienne. J'avais déjà vu l'anneau en platine aux mains de Jean Sem. Je l’inspectai donc et fit la découverte d’une gravure à l’intérieur de celui-ci : BE2276.

Ma cousine et Naama arrivèrent un petit quart d’heure après mon retour dans l’hôtel. Je présentai la situation à Vassilia qui se mit à étudier l’anneau avec une attention toute… policière. Elle était obnubilée par cette piste. Pour ma part, j’étais en train de m’interroger sur combien de temps Jean Sem tiendrait entre les mains de ses ravisseurs. Le temps d’obtenir ce qu’ils voulaient comme renseignements… Mais était-il possible que Jean Sem tienne suffisamment de temps pour que de notre côté nous retrouvions les hommes en noir ?

Avant d’aller me coucher, je revins vers la demeure de Jean-Sem pour remettre le bouddha en or à Kyle et l’informer de la disparition de son partenaire. Mais celui-ci aussi était à ajouter à la liste des gens disparus. Soit il s’était planqué quelque part, ayant senti le vent tourner, soit il avait été une autre victime des hommes en noir. Dans son atelier je trouvai plusieurs papiers renversés et constatai la disparition d’un seul objet : la boîte ouverte par Naama.

Je décidai de dormir sur place plutôt que de retourner à l’hôtel.

Le lendemain matin j’entendis frapper à la lourde porte de la propriété. Je pensai que ça devait être ma cousine et notre guide, aussi fus-je un peu surprise de découvrir un homme d’une trentaine d’années à l’allure militaire. Il se présenta sous le nom de John Sewer. Il venait s’assurer de l’avancée de la vente d’une statuette indienne, remise aux bons soins de Jean Sem depuis plusieurs semaines.

Je le fis entrer dans la cour et m’excusai un instant pour aller jeter un coup d’œil dans l’atelier de Kyle et voir si les faux documents pour la vente étaient prêts. Heureusement c’était le cas. Je lui promis de mener la vente dans dix jours, comme cela était prévu, avant de lui annoncer que Jean Sem ne pourrait malheureusement pas s’en charger lui-même. Avant de partir il me remit le nom de son hôtel et le numéro de sa chambre au cas où j’aurai besoin de le contacter.

Après le départ de M. Sewer, je commençai à chercher le carnet noir contenant toutes les notes de travail de Jean Sem. Vassilia et la petite égyptienne arrivèrent à ce moment là. J’interrompis mes recherches pour emmener Vassilia dans l’atelier de Kyle. J’espérai qu’elle puisse trouver des indices.

Pendant ce temps je remis la main sur le fameux carnet noir. Il contenait une lettre rédigée d’une belle écriture féminine et signée Ada. Cette lettre était à l’attention de Jean Sémaphore, dans un anglais témoignant d’une relative familiarité. Quelques phrases attirèrent notre attention : « les fonds arriveront par le guide » … « j’espère que cela marchera cette fois-ci, MN est particulièrement actif du côté de la nécropole ». Malheureusement le manque d’informations et d’éléments nous empêchaient de bien saisir le contenu de cette lettre. Un peu plus loin je dénichai la liste des acheteurs pour l’étrange boîte pour laquelle tout le monde se bat, dont la vente se déroulait huit jours plus tard :

- Max Lichtenegger (une connaissance… un riche collectionneur autrichien brutal et un peu con)
- Italo Cannizzaro
- Andréa Van der Linde
- Hans Lautens
- Lady Anne Lyz Aynwin

Tout d’un coup quelqu’un frappa à la porte. Décidemment tout le monde s’était donné rendez-vous chez Jean-Sem ce jour là. Une fois la porte ouverte je découvris un bédouin avec un turban sur la tête. Il portait un court fouet contre son poignet. Mais le plus dangereux restait son acolyte avec un flingue braqué sur moi. Il me força à reculer dans la cour.

Ils furent bientôt quatre autour de moi. Leur leader, l’homme au fouet, me réclama alors les « trésors de l’Egypte » dont il accusait les occidentaux de les avoir volés. Je tardai à répondre, aussi me mit-il un petit coup de fouet au niveau de la joue. Un coup suffisamment sec pour provoquer une vive douleur. Je sus alors qu’il serait dangereux de les faire attendre, d’autant plus que je ne percevais pas le moindre mouvement de la part de mes deux acolytes du moment. J’avais donc décidé de les emmener dans l’atelier de Kyle. Ils y prirent tous les objets égyptiens et s’en allèrent.

Salopard de bandits ! Mais j’avais retenu le nom du responsable : Al’Sukat.

Quelques instants plus tard je dressais la listes des objets dérobés. La boîte en or de la veille, plus un vase canope et des boucles d’oreilles laissaient par Isam, et une tête de reine égyptienne, un pectoral en perles ainsi que des statuettes d’animaux en ivoire qu’un certain Tarik Al’Sarin avait confié à Jean Sem pour qu’il en fasse la vente.

Après tous ces incidents nous fîmes enfin une pause pour déjeuner. Vassilia et moi interrogeâmes la jeune Naama pour savoir où elle avait conduit Jean Sem auparavant. Elle nous parla de Crocodilopolis, sur un site de fouilles dirigées par William Mathiew Flinders Petri. Ce site était situé à 130 Km du Caire. Les découvertes du moment étaient des peintres très réalistes sur des masques mortuaires. Naama avait senti une tension entre les deux hommes quand ils s’étaient rencontrés sur les fouilles. Petri semblait en vouloir à Jean Sem à propos de quelque chose dont ce dernier se défendait d’être véritablement responsable.

Une petite heure plus tard nous attendions devant la porte de Tarik Al’Sarin. Naama savait où celui-ci habitait et cela nous a alors évité de perdre du temps à le retrouver. Tarik, un type assez corpulent, ouvrit la porte et après quelques présentations rapides il nous invita à rentrer chez lui. Une petite baraque qui laissait présager que le trafic d’objets anciens ne lui rapportait pas tant que cela.

Je l’interrogeai alors sur Al’Sukat. Il me révéla qu’il ne s’agissait pas d’un homme mais d’une secte dont le but était de lutter contre l’« envahisseur » anglais. Ils revendiquaient les trésors de l’Egypte, trouvant du soutien pour leurs opérations auprès des anciens dirigeants du pays. Je lui avouai alors qu’Al’Sukat était responsable de la disparition de ses trouvailles chez Jean Sémaphore. Il sembla désespéré. Nous le quittâmes peu de temps après.

Nous allâmes ensuite à la demeure d’Isam. Une opulente maison, témoignage à la fois de son influence politique et de sa richesse personnelle. Mais toute la famille était alors réunie pour porter le deuil.

Naama expliqua alors à la famille que Vassilia et moi étions les deux personnes qui avaient trouvé le corps d’Isam la veille et que nous souhaitions témoigner nos respects à la famille. Et alors que tout le monde s’était montré suspicieux jusqu’à présent, nous fûmes bien accueillis après cette petite explication du pourquoi de notre présence.

Assez vite, Vassilia s’approcha de la veuve d’Isam pour une petite conversation privée à propos des hommes en noir. Elles discutèrent longuement. Puis la vieille femme me demanda d’approcher et de lui donner la liste des objets volés dans la matinée. Ce que je fis non sans une pointe de suspicion. Mais la vieille femme connaissait mon nom et celui de ma cousine. Elle ne devait pas être si éloignée que cela des affaires de son mari et peut-être même de celles de Jean Sem.

Avant notre départ, nous reçûmes une invitation de la veuve pour le lendemain soir. Une invitation pour le club Arcadia du Caire. Vassilia semblait bien connaître ce club, pour ma part la seule chose que je savais c’était qu’il s’agissait d’un regroupement de gentlemans et gentlewomans à l’échelle internationale (pas loin de 15 000 membres à travers le monde).

La soirée au club Arcadia promettait d'être passionnante... ou à mourir d'ennui suivant qui le fréquentait.

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