mercredi 23 mars 2011

Un hurlement venu du passé


Le souffle du désert fouette mon visage. Ma vision est trouble. Ma course silencieuse tend tous les muscles de mon corps. Mon cœur est un brasier de rage. Je bondis.

Mon coup d’épée déchire la toile de la tente comme un rasoir taille la chair et je me réceptionne par un roulé-boulé. Le vieil homme se lève de son lit en sursaut. Il tente de s’emparer de sa lame mais déjà je le menace avec la mienne. Je commence à faire tournoyer ma lame. Il esquive le premier coup, puis le deuxième avant de se prendre un coup de genou en plein torse. Il chute en arrière. Je m’avance vers lui. La peur se lit dans ses yeux. Si seulement la honte pouvait l’envahir. Il m’a trahie, il m’a abandonnée ; lui, le prince de la maison de l’Oryx… mon père, Asadel.

Alors que de sombres souvenirs remontent à la surface, rendus plus vivaces par les drogues qui coulent dans mon sang, Asadel en profite pour prendre son épée. Je me jette sur lui. Il pare un enchaînement de coup avant de m’entailler le flanc. La haine, les regrets, la rancune, la tristesse… et la douleur m’assaillent avec une violence insoutenable. Mon corps se transforme. Des griffes jaillissent au bout de mes mains, un pelage rouge sombre apparaît sur mes membres qui sont de plus en plus bestiaux. Mes canines s’allongent dans ma bouche jusqu’à ce qu’elles deviennent des crocs. Une longue crinière rouge braise se forme sur le haut de ma tête de lionne et sur mon dos. La rage de la Furie Rouge s’empare de mon être. Un dernier cri s’échappe de moi : "Meurs !".

Asadel trébuche sur un coffre en bois en reculant de terreur. Les puissants membres félins se contractent. La Furie Rouge saute en avant. Ses crocs se plantent dans la gorge du prince de la maison de l’Oryx. La douceur métallique du sang envahie sa bouche. Puis la douleur revient. La masse léonine s’écroule. Je reprends conscience. Des gens armés sont autour de moi. On me traîne hors de la tente. Je sens le contact froid de l’acier sur mon corps, la lame recule et s’élance vers mon cou. Mais une voix résonne dans l’obscurité : « Non ! C’est Kyara ! »

Je connais cette voix…

L’inconscience m’emporte.

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